Une virée sans son majordome, c'est la plus belle des choses ! [PV Marietta]

Sortir... Ou ne pas sortir... Telle était la question qui tiraillait la jeune Meirin : Laharl, son démon de majordome, était occupé au manoir et s'occupait des domestiques du manoir. En revanche, Meirin était seule et s'ennuyait à mourir. Entre les cours de son précepteur, elle avait du temps libre qu'elle occupait souvent en jouant dehors, en cueillant des fleurs, avec des rendez-vous organisés avec d'autres personnes de la haute société... Mais là, elle était seule et tout le monde était occupé à part elle. Malgré la ferme interdiction de Laharl et la punition qui l'attendrait si elle venait à enfreindre l'interdiction, l'enfant avait décidé de s'enfuir du manoir pour aller acheter de nouveaux jouets de la marque Phantom : elle adorait tous ces jouets, les chevaux de bois si merveilleux, si brillants et peints à la perfection... Le dirigeant était Ciel Phantomhive, mais jamais elle n'avait eu l'occasion de le rencontrer ! Mais elle comptait bien le rencontrer un jour ou l'autre... Peut-être même plus tôt que ce qu'elle pensait. Elle sortit par la grande porte, avec une discrétion extraordinaire : elle venait de briser un vase et faire tomber le porte-chapeau à l'entrée. Vêtue d'une robe rouge à froufrous avec un chapeau rouge et un petit gilet noir, avec une paire de chaussures à petits talons avec lesquels elle marchait facilement. Son corset était très serré, mais elle arrivait facilement à respirer avec et ça tenait son dos droit. Elle courut alors. Longtemps. Très longtemps. Jusqu'à arriver dans le parc de la ville de Londres ou elle s'allongea sur l'herbe fraîche, complètement KO. La fatigue la tenait à force d'avoir autant couru, tellement qu'elle ne tint même pas compte du fait qu'elle n'était pas vraiment seule dans le parc...

L'enfant était en plein rêve, elle était tranquillement assoupie lorsqu'elle entendit une voix lointaine, cela suffit presque à la réveiller en sursaut. Elle se réveilla tranquillement, même si le danger courait qu'elle était en compagnie d'un(e) parfait(e) inconnu(e) et qui n'était pas forcément le bien incarné. Mais l'enfant n'avait aucune conscience du danger, habituée à être protégée par Laharl, son diable de majordome. Par contre, elle recevrait sûrement une correction lorsqu'elle rentrerait au manoir ou que son majordome vienne la chercher ! Mais elle n'en n'avait pas peur non plus. Elle ouvrit les yeux tout doucement, avant de se les frotter avec ses poings puis elle se leva, chancelante après avoir dormi. Elle regarda la personne devant lui : était-ce un garçon ? une fille ? Elle n'en avait absolument aucune idée ! Et son nom ? Non plus ! Elle ne le/la connaissait pas... Tant pis ! Elle fit une petite courbette avant de marmonner. Elle était encore un peu fatiguée, mais surtout, elle était très mal réveillée.

« Ko... Konnichiwa. »

Elle retint alors un bâillement avant d'épousseter rapidement sa robe. Elle allait encore se faire gronder par Laharl, sa robe avait des traces d'herbes ! Après tout, c'était de sa faute...

Alors, cette personne se nommait Marietta ? De Jarjayes ? Ce nom ne lui disait absolument rien... Contrairement à celui de Ciel Phantomhive par exemple, mais sinon, elle ne connaissait pas grand monde à part ceux qui venaient de la très haute société et avait qui elle avait de temps à autres rendez-vous, mais peu de monde avait foulé le splendide gazon qui entourait le manoir de la jeune fille. Alors cette Marietta... Enfin, peut-être ce... Pouf, inconnu(e). Il/elle alla s'asseoir sous un arbre à l'ombre avant d'inviter la jeune fille. Elle hocha la tête avant de regarder les vêtements de la personne : en fait, on aurait dit une robe. Alors c'était une fille ? Et une autre de question réglée, une autre ! Elle regarda une nouvelle fois le magnifique sourire de la jeune fille avant d'aller à son tour s'asseoir à côté, sous l'arbre. "Ne te fais pas de souci", c'est souvent ce que son père lui disait quand elle était toute petite, il le disait tellement souvent que c'était resté gravé dans sa mémoire, "ne te fais pas de souci, tout va bien". C'était surtout lorsqu'elle se réveillait d'un cauchemar que son père lui disait ça, des cauchemars qu'elle faisait toutes les nuits. Elle se décida enfin à répondre.

« Je m'appelle Meirin. J'ai 6 ans, et vous ? »

Elle avait pour habitude de vouvoyer tout le monde, tout le monde sauf Laharl, son cher démon de majordome qu'elle tutoyait toujours. Mais sinon, elle se forçait à être polie avec tout le monde, que ce soit avec son entourage ou sa famille lointaine. Que ce soit avec des inconnus ou des personnes proches.

Comment avait-elle deviné que la jeune fille se baladait ? Après tout, elle était encore toute petite et il n'y avait pas des tonnes de choses à faire à Londres quand on avait cet âge là. A part aller dans une des boutiques de la marque Phantom, la jeune fille n'allait nulle part sans son majordome. Surtout qu'elle était plutôt fragile, n'importe qui pouvait mettre la main sur elle et lui faire je ne sais pas quoi et je ne veux pas le savoir. Imaginez la en mode Leia pour Jabba le Hutt, en mode esclave sexuelle. Kawaii sonna. Pauvre gosse. Etait-elle vraiment en sécurité avec Marietta ? Personne ne le savait. Mais Laharl n'était toujours pas venu la "sauver", donc peut-être pensait-il qu'il n'y avait aucun danger. En tout cas, l'enfant était surprise. C'est alors que l'herbe et ses mains furent le centre de son attention, comme si elle prenait soin d'arracher le moindre petit brin d'herbe autour de ses mains... Elle venait juste de remarquer quelque chose... D’inhabituel. Elle n'avait qu'un oeil... L'autre était caché par un bandeau rouge ! Fermant et ouvrant les yeux, la demoiselle se leva et proposa un sorbet à la jeune fille. Un sorbet ?! Etait ce cette chose froide et sucrée avec un goût fruité exquis que l'on léchait avec extase ? Exact ! Un chocolat pistache (un parfum extraordinairement moderne, une des dernières innovations) et quelques pièces en moins plus tard, la demoiselle partit déguster sa glace sous l'arbre tandis que Meirin choisissait son parfum.

« Alors... Un sorbet... A la fraise, je vous prie. »

Quelques pièces en plus dans la main du vendeur, la jeune fille partit avec son sorbet, toute joyeuse, retrouver Marietta confortablement installée sous l'arbre. Elle s'assit alors à son tour et commença à lécher son sorbet... Une vraie merveille ! "Que cette invention soit bénie !" se disait-elle intérieurement... Le goût était exquis. Les fraises, même si elles venaient de très loin, avaient un parfum subtil et sucré qui ne déplaisait pas à l'enfant. Elle regarda Marietta dans l'oeil visible qu'elle avait.


« Dites... Pourquoi gardez-vous un de vos deux yeux caché ? »

Quand à elle, c'était son dos qu'elle devait gardé le plus caché : derrière son corset et le tissu drapant, on ne voyait rien de la marque... La marque qui la liait à son majordome Laharl. Certes, pour l'appeler d'urgence, il était difficile de se dé-draper en public mais elle pouvait faire ce sacrifice si elle était vraiment en danger. Et puis, se débarrasser un peu de ce corset oppressant ne la dérangeait nullement.

Il avait eu... Un accident ? Il y a très peu, la jeune fille avait aussi eu un accident. Cela lui avait été fatal... Mais un démon, ce cher petit démon de majordome, nommé Laharl lui proposa de retourner sur terre et de continuer sa vie, même si elle avait perdu la seule personne qui comptait encore réellement pour elle. Mais elle ne pouvait pas décevoir ce pauvre démon en recherche d'âmes... Et puis, elle avait encore beaucoup de bonbons à goûter et de jouets à admirer ! Depuis, elle avait une marque dans le dos qui scellait son contrat. Puis, une voix fit sursauter l'enfant : Marietta se leva d'un bond et Meirin fit alors de même avant de faire une légère courbette. Puis, l'homme qui arriva fut d'un style familier pour Meirin : c'était un majordome ! Celui de Marietta ?! Alors elle aussi avait un majordome ! Elle se retrouva alors affublée d'un chapeau pour la protéger du soleil. Ce qui eut le don de faire rire l'enfant. Elle fut rapidement présentée à Walker puis lorsque celui-ci partit, elle s'assit auprès de Marietta dans l'herbe. Puis elle pensa à Laharl un instant, en l'imaginant lui enfoncer un chapeau sur la tête en lui criant qu'elle était inconsciente de sortir par cette "chaleur" et de se mêler à des inconnus... Elle pouffa légèrement avant de se concentrer sur son interlocutrice.

« Nous avons des points communs, j'ai aussi un majordome. Il se nomme Laharl ! Il est génial quand il veut, après tout c'est un vrai dém... »

Elle se couvrit la bouche le plus rapidement possible avant de se mordre la langue. Qu'est-ce qu'elle allait dire encore ! C'aurait été abominable si elle avait révélé le secret comme quoi elle était liée à un démon qui voulait son âme ! Mon Dieu, elle aurait vraiment dû tourner sa langue 7 fois dans sa bouche. Elle décida de subitement changer de sujet, tout en rebondissant sur l'histoire de Marietta.

« Veuillez m'excuser, je parle de mon majordome ainsi mais bon, c'est sûrement un manque de politesse envers le votre qui a fait l'effort de vous amener votre couvre-tête. Mais, si je ne suis pas trop indiscrète, comment avez vous cet accident ? Avez-vous perdu votre oeil ? »

Elle regarda alors son interlocutrice avec compassion. Elle aussi avait vécu un accident terrible, la douleur était innommable tellement elle était horrible, suffocante... Aux portes de la mort, elle avait vraiment cru que sa vie était terminée. Mais sa peur et son âme frétillante avaient fait d'elle une jeune fille qui pouvait attirer les démons. Alors Laharl l'avait choisie, elle. Son âme avait l'air bonne, disait-il. Ils avaient établi un contrat. Et ça, Meirin ne le regrettait pas... Pour le moment.

Comment ça, il avait compris ?! Alors, lui aussi ?... Alors elle n'était pas toute seule ! Et même, ça se trouve, Ciel Phantomhive avait vécu la même chose ! Mais n'allons pas trop loin, elle n'en savait absolument rien après tout. Marietta regarda le ciel, comme si elle réfléchissait, avant de poser sa canne et de regarder Meirin. Puis, elle raconta son histoire. Du moins le début de son histoire. Walker l'avait donc recueillie lorsqu'elle était encore bébé et l'avait élevée après que ses parents ne décèdent... C'était plutôt triste mais surprenant, ce qui justifia la tête que faisait l'enfant. Puis, elle se leva tandis que le cache-oeil de son interlocutrice tomba au sol... L'enfant eut un léger mouvement de recul puis elle se couvrit la bouche... Il y avait un symbole gravé sur l'oeil... Un symbole semblable à celui sur le dos de la jeune fille. Puis, Marietta lui expliqua qu'elle n'avait pas mis son âme en gage car Walker servait toute la famille depuis plusieurs générations. Elle remit alors son cache-oeil. Meirin se mit alors à trembler et glissa le long de l'arbre.

« J... J'ai perdu... J'ai perdu mon... M... Mon âme... Elle... Elle est dé... Dévouée... A mon... Majordome... Laharl... »

Elle tenta de reprendre le contrôle d'elle même avant de respirer doucement et de fermer les yeux un petit moment avant de reprendre la parole. Elle regarda Marietta dans les yeux. Elle n'avait jamais raconté cette histoire à personne, parce qu'après tout, personne ne l'aurait cru. Rare sont les gens assez censés pour y croire.

« Vous savez... Je suis morte il y a très peu. Puis, lorsque je suis arrivée aux portes de la mort, un homme a voulu faucher mon âme mais Laharl est arrivé tout à coup et m'a demandé si je voulais re-vivre. Je ne lui ai pas dit non et celui qui voulait faucher mon âme avait l'air très contrarié. Il avait une arme... Un peu étrange, je ne me rappelle plus de ce que c'était. Alors bientôt je disparaîtrais, mais Laharl ne sait pas encore quand. Il faut que son contrat soit parfaitement rempli pour ça... »

Et il n'était sûrement pas près d'être rempli. Mais bon...

Puis, Marietta évoqua une idée... Et pas des moindres. Et Meirin eut alors le temps d'y répondre, elle avait beaucoup de temps. Cette idée n'était franchement pas mauvaise mais la jeune fille ne voulait pas la mettre à exécution, elle n'avait jamais pensé à ça et n'avait jamais envisagé de vivre extrêmement longtemps : et elle ne se voyait pas encore se marier ! Elle n'était pas en âge et elle savait que Laharl n’essayerait pas de la caser à tout prix, il obéirait aux ordre de sa maîtresse et puis c'est tout. Walker avait donc fait ça pour la famille de Marietta-san ? Le bruit des oiseaux, le vent dans les feuilles... Et ce temps idyllique... Tout était parfait : Laharl était occupé, elle parlait tranquillement même si elle venait d'avouer un secret... Plutôt inavouable. Puis Marietta reprit la parole. Et ce prénom rebondit doucement sur les tympans de l'enfant : CIEL. CIEL PHANTOMHIVE ?! Elle se leva d'un bond tellement elle était surprise et ses yeux étaient brillants. Le ciel descendait doucement dans le ciel bleu qui devenait orangé... c'était magnifique. Marietta pleurait, tout en serrant sa cane épée...

« Vous... Vous pleurez ? Est-ce à cause de moi ? Si ça l'est, je m'en excuse par avance. »

Elle se rassit alors avant de reparler de ce qui avait été dit un peu plus tôt sur son âme et sa descendance, elle ne ferait sûrement pas ce que lui avait proposé Marietta.

« Vous savez, je ne veux pas faire de peine à ce cher Laharl. Il se donne du mal pour moi, certes ce n'est qu'un contrat mais... Mais je m'y suis un peu attachée. Et puis, je ne me vois pas vivre très longtemps après tout. Je serais heureuse de mourir le jour le plus heureux de ma vie ! »

Elle sourit alors dans le vide.